l'histoire du circuit
Entre les Albigeois et le sport mécanique, l'histoire d'amour dure depuis bientôt 90 ans. Plus qu'une passion, c'est une véritable tradition.
C’est sur le Vigan, dans l’effervescence du Café des négociants (actuel Crédit Agricole) qu’est née, en décembre 1927, l’idée d’un circuit albigeois. Un groupe de passionnés de motos s’y retrouve et crée ce qui deviendra l’Automobile Moto Camping Club Albigeois (AMCCA). Parmi les premiers membres, on compte les frères Peyrière - Georges et Pierre - Georges Lafon, Jean Serieys, André Bonnet ou encore Henri Bouisset, le premier président du club.
En 1930, ils organisent une première compétition - la course de côte de Mascabrières - près de la route de Cordes, qui rassemble près de 15 000 spectateurs.
Le circuit des Planques
En 1933, un nouveau tracé est défini avec François Flad à la tête du club. Le circuit des Planques, tel qu’il sera baptisé, emprunte la RD 100, actuelle avenue de Saint-Juéry, et la route de Montplaisir. Il revient vers Albi par la RN 99, devenue depuis la D999 (route de Millau).
Long de 9 km et de forme triangulaire, il accueille dès les premières années les plus grands noms de la course, applaudis par près de 40 000 spectateurs : Pierre Veyron, Maurice Trintignant, Georges Monneret et même Juan Manuel Fangio.
En 1934, le virage en épingle à cheveux situé aux Planques est supprimé et une bretelle de 225m est tracée entre la RN 99 et RD 100. Cette portion de route n’existe plus aujourd’hui mais longeait le terrain de foot de l’ASPTT. Depuis la route de Millau, on aperçoit d’ailleurs encore la tour de contrôle. Malheureusement, les tribunes construites par les bénévoles eux-mêmes de part et d’autre de la route ont disparu.
Deux ans plus tard, les épreuves d’Albi obtiennent l’homologation nécessaire pour être inscrites au calendrier international.
Fangio à Albi à 187km/h
L’élan est brusquement interrompu par la Seconde Guerre mondiale. Dès 1946, le circuit reprend du service. Deux ans après, les premières Formule 1 arrivent à Albi.
C’est au volant d’un de ces bolides que le pilote argentin Juan Manuel Fangio signe le record de vitesse avec 187,976 km/h en 1953.
La 13e édition du Grand prix est endeuillée par le décès de Dario Ambrosini. Le pilote moto trouve la mort au bas de la côte de la Renaudié, où une stèle trône en son honneur.
La même année, le tracé est renommé Circuit Raymond Sommer, en hommage au pilote français disparu l’année précédente et qui avait enchanté les Albigeois.
Sortie de piste
1954 marque un tournant pour l’association qui doit faire face à un important déficit. Bénévole depuis vingt ans au circuit, Armand Brouzes propose d’organiser une course de Monomill, des monoplaces monotypes de 55 chevaux, sur une piste réduite à 2 km, ce qui crée des dissensions au sein du club.
En 1955, le tragique accident de Pierre Levegh aux 24h du Mans, qui a causé la disparition du pilote et de plus de 80 spectateurs, entraîne l’interdiction des courses cette année et donne lieu à de nouvelles règles de sécurité, que l’AMCCA n’est pas en mesure d’observer. Elle suspend donc l’organisation des épreuves.
Un nouvel élan
À la reprise en 1960, le circuit est interdit aux véhicules dépassants les 250 km/h et exclut donc les F1 et F2. Les Cooper, Lola et autres Lotus font leur apparition. Mais le 19e Grand prix sera le dernier couru sur le circuit Raymond Sommer. Les homologations sont de plus en plus difficiles à obtenir et la sécurité des pilotes n’est plus assurée.
Entre les Albigeois et le sport mécanique, l’histoire d’amour dure depuis bientôt 90 ans. Plus qu’une passion, c’est une véritable tradition. Le départ du deuxième Grand prix d’Albi le 22 juillet 1934 avec à droite, le Français Pierre Veyron au volant d’une Bugatti. Brouzes, et d’autres émettent l’idée d’une piste permanente construite autour de l’aérodrome, propriété de la ville d’Albi.
Le conseil municipal valide la construction du circuit en avril 1962. Les travaux sont réalisés dans la foulée et financés à parts égales par la commune, l’AMCCA et le Conseil Général.
Le 7 septembre, la 20e édition du Grand prix d’Albi se tient sur la piste flambant neuve, longue de 3,636km, en présence de 30 000 spectateurs.
Dans les années qui suivent, d’illustres figures du sport automobile, Jack Brabham, Graham Hill, Jackie Stewart et Alain Prost passent par Albi.
De la Formule bleue au GT
Le tracé du Séquestre accueille au fil des années des bolides de tous types. Comment ne pas citer les MEP, créées au milieu des années 60 par Maurice-Emile Pezous, ingénieur des Arts et Métiers et concessionnaire Citroën à Albi, qui leur a donné ses initiales. Ces petites voitures bleues permettent à de nombreux jeunes pilotes de s’initier au sport automobile et courent à de nombreuses reprises à Albi entre 1968 et 1975.
L’anneau du Séquestre reçoit également des courses de F2, F3, la coupe Gordini et le championnat de France moto. Des modifications dans la réglementation des courses imposent des travaux qui ne peuvent être réalisés sans empiéter sur la piste d’aviation, alors même que l’aéro-club projette de l’allonger.
La piste d’aviation est finalement agrandie en 1981 et le circuit du Séquestre n’est alors plus permanent.
Un projet à la Découverte
Au milieu des années 80, alors que le circuit connaît quelques difficultés financières, un Comité de gestion est créé. En 1988, de lourds travaux sont engagés ; les stands sont détruits, la piste élargie et un passage souterrain créé. Le tracé sera par la suite plusieurs fois modifié pour appliquer les réglementations de la Fédération Internationale de l’Automobile.
En 1995, alors que le circuit veut s’agrandir, on parle d’un projet sur le site minier de la Découverte au Garric. Ce circuit ne verra jamais le jour et les courses continuent au Séquestre. 1997 voit l’arrivée du championnat de France FFSA GT avec ses Porsche, Audi, BMW et autres Ferrari. Clio, MitJet et Bioracing viennent étoffer le plateau.
Court-circuit
Dans les années 2000, le circuit ajoute d’autres épreuves à son calendrier, notamment la Coupe de France des circuits et le rallye du Gumball 3000. Le championnat de Superbike fait aussi escale à Albi chaque année tout comme des épreuves de karting. En 2006, Albi Stunt Team choisit le circuit pour organiser son RSS (Rassemblement des stunters du Sud). En 2012, le Grand prix fête son 70e anniversaire avec une nouvelle formule. Après le départ des GT, qui avaient rassemblé plus de 35 000 spectateurs lors de leur dernier passage en 2011, l’événement met l’accent sur les véhicules historiques avec plus de 260 voitures anciennes, dont des Alpines, des Simcas et des Gordinis, et la présence remarquée des MEP. 20 000 personnes participent à l’événement. En 2013, ce sont les Legend Cars qui récoltent les faveurs du public.
La saison 2014 démarre sous les meilleurs auspices avec le retour du Supermotard à la mi-juin. Un mois plus tard, confrontée à de lourdes dettes, l’association de gestion du circuit est mise en liquidation. Malgré cet incident de parcours, le Circuit d’Albi n’a certainement pas dit son dernier mot. Si la mécanique s’est enrayée à plusieurs reprises, les passionnés ont su faire perdurer un héritage vieux de presque un siècle. On peut ainsi espérer qu’un groupe de passionnés se donne rendez-vous dans un café d’Albi et remette en route la machine. Après tout, la devise des fondateurs de l’AMCCA était « vaincus mais non domptés ».
Historiques des tracés :
- 1933 : Circuit des Planques 9,226 kms
- 1934 : Circuit des Planques 8,911 kms : Réalisation des stands et des tribunes
- 1946 : Circuit des Planques 8,901 kms
- 1954 : Circuit Raymond Sommer 2,991 kms
- 1962 : Circuit du Séquestre 3,636 kms
- 1981 : Circuit du Séquestre 3,546 kms : Modification du virage des Maranes suite à l'allongement de la piste d'aviation
- 1988 : Circuit du Séquestre 3,536 kms : Nouveau circuit avec modification du 1er virage; création de la chicane; modification du virage avant la passerelle
- 1994 : Circuit du Séquestre 3,551 kms : Modification du virage du Parc devenu trop dangereux
- 2003 : Circuit du Séquestre 3,573 kms : Création du "S" François FLAD
Source
© ALBIMAG Octobre 2014 - Ville d'Albi